Raphaëlle Bacqué a écrit le 23 mars pour le journal Le Monde un article : " Les hommes politiques doivent-ils être cultivés?"
On peut se demander ici, puisque ce blog lui est en partie dédié, aiment-ils la poésie? ou plus largement quel est leur programme en matière de culture...
La question peut paraître bien secondaire au regard des problèmes qui se posent au niveau national et international.
Certes,
Mais on ne va pas brûler les livres au nom de la nécessité économique, et dans les périodes troubles ils sont au contraire essentiels à la reflexion, au temps de la reflexion.
Et la poésie, c'est le petit supplément d'âme...
J'ai entendu F.Bayrou citer Aragon, et J-L Mélenchon Victor Hugo, sans doute parce que ce sont des hommes de lettre, tout comme l'était Georges Pompidou.
Pourquoi Georges Pompidou?
Pour deux raisons, qui n'ont rien de politiques.
D'abord il aimait la poésie, et a écrit "Anthologie de la poésie française", dans laquelle on retrouve, de François Villon à Paul Eluard, la plupart de nos grands auteurs.
Ensuite il était cantalien, et vous connaissez peut-être mon attachement à ce département où ses ancêtres ont côtoyé les miens du côté de Saint-julien-de-Toursac, dans un milieu on ne peut plus modeste.
Elu président de la république en 1969, il meurt en cours de mandat, en 1974.
(Avant lui un autre cantalien fut président de la république, Paul Doumer, né à Aurillac en 1857, élu en 1931, et assassiné un an plus tard par un émigré russe fanatique...)
Extraits de son Anthologie de la poésie :
" Qu'est ce donc que la poésie? Bien savant qui le dira. Qu'est ce que l'âme? On peut constater chez un homme toutes les manifestations de la vie, les analyser et les décrire ; on peut analyser un poème, étudier composition, vocabulaire, rythme, rime, harmonie.Tout cela est à la poésie ce qu'un coeur qui bat est à l'âme. Une manifestation extérieure, non une explication, encore moins une définition.Si donc je voulais m'approcher davantage d'une définition de la poésie, je la chercherais plutôt dans ses effets. Lorsqu'un poème, ou simplement un vers provoque chez le lecteur une sorte de choc, le tire hors de lui-même, le jetant dans le rêve, ou au contraire le contraint à descendre en lui plus profondément jusqu'à le confronter avec l'être et le destin, à ces signes se reconnaît la réussite poétique. Il est vrai que lorsque Margot pleurait au mélodrame, c'est parceque tout à coup elle se sentait en présence du vieux jeu de l'amour et du hasard, de la misère et de la mort. Il pourrait donc y avoir une certaine beauté poétique dans Les deux Orphelines. Mais le problème est moins de ne plus pleurer aux deux orphelines que de pleurer à Shakespeare ou à Euripide. Le reste vient tout seul..."
"Il y a la poésie du soleil et celle de la brume, la poésie de la découverte et celle de l'habitude, de l'espoir et du regret, de la mort et de la vie, du bonheur et du malheur. Pour l'exprimer, prose ou vers, pierre ou peinture importent peu. Mais où elle manque totalement, que reste-t-il?"
Que reste-t-il?