Le blog de embertine mazet

"Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir

Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir

 Si tu peux être amant sans être fou d'amour

Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre

Et te sentant haï sans haïr à ton tour

Pourtant lutter et te défendre

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exiter les sots

Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle

Sans mentir toi-même d'un seul mot

Si tu peux rester digne en étant populaire

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois

Et si tu peux aimer tous tes amis en frères

Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi

Si tu sais méditer observer et connaître

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur

Rêver mais sans laisser ton rêve être ton maître

Penser sans n'être qu'un penseur

Si tu peux être dur sans jamais être en rage

Si tu peux être brave et jamais imprudent

Si tu sais être bon si tu sais être sage

Sans être moral ni pédant

Si tu peux rencontrer Triomphe aprés Défaite

Et reçevoir ces deux menteurs d'un même front

Si tu peux conserver ton courage et ta tête

Quand tous les autres les perdront

Alors les rois les dieux la chance et la victoire

Seront à tout jamais tes esclaves soumis

Et ce qui vaut mieux que les rois et la gloire

Tu seras un Homme, mon fils"

C'est en me promenant ici au bord de l'eau

Que je viens assembler la musique et les mots

En scrutant les couleurs des invincibles flots

Encre bleue pour la joie et noire pour les maux

Tels de vieux rafiots échoués sur la plage

Dont les coques brisées aux flancs  de ces rochers

Vont enfin dévoiler leurs entrailles cachées

Mes souvenirs s'en viennent se poser sur la page

Tout au long d'une année, au rythme des saisons

Il est des jours plus doux et d'autres plus amers

Des langueurs de l'été aux frissons de l'hiver

De tendres sentiments, de furtives passions

Ce sont quelques balades pour fuir l'agitation

Des cimes des montagnes jusqu'aux rives de Sète

J'ai croisé des faucons, des pinsons, des mouettes

Laissé voguer mon âme de pontons en maisons

Tantôt en tragédies, tantôt en comédies

Les hommes s'apostrophent, la nature s'enflamme

Restent des jours passés des rires et quelques larmes

Des enfants nous sont nés, d'autres ont perdu la vie

Je pose ici mes vers au coin de la jetée

Je ne sais où ma route demain me conduira

Un passant par hasard peut-être les lira

Et trouvera le coeur que j'y ai déposé...

Il y a les lumières qui brillent

Et toutes les villes scintillent

Mais ça ne me fait pas rêver

Je préfère le ciel étoilé

Il y a la musique et les danses

Mais de cela je m'en balance

Car j'aime écouter le silence

Et le murmure des confidences

Il y a des mets délicieux

Des vins aux parfums capiteux

Mais laissez-moi la liberté

De choisir quand les déguster

Je souhaite le vent dans les branches

La beauté de vos roses blanches

La cascade qui dégringole

Mon corps nu sans ses camisoles

je souhaite l'odeur de la mousse

Et que la flotte m'éclabousse

Que le soleil chauffe ma peau

Que la neige pose un blanc manteau

Je souhaite le printemps qui bourgeonne

Des couleurs aux arbres en automne

Et des gouttes d'argent perlées

Le long des toiles d'araignées

Je souhaite grimper toujours plus haut

Chercher des verbes et des mots

Construire des châteaux en Espagne

Sur la cime de mes montagnes...

Je n'osais pas les prononcer

Ces mots trop souvent galvaudés

Lorsque commençait la tournée

Des voeux de la nouvelle année

Comment...

Souhaiter une bonne santé

À celui qu'on sait condamné

Au vieillard en fauteuil roulant

Sourd presqu'aveugle et chevrotant

Comment

Présenter des voeux de bonheur

À ceux qui saignent dans leur coeur

Dont les journées sont endeuillées

D'avoir perdu les êtres aimés

Comment

 Venir parler de réussite

Quand la misère parasite

Le handicap ou le chômage

Et les désillutions de l'âge

Comment

Sans sombrer dans l'hypocrisie

Et sans faire dans la mièvrerie

Parler paix et fraternité 

Au monde qui va s'entretuer

Comment

Dans un mouvement d'indulgence

Oublier un an d'indifférence

Et aller frapper à la porte

De celui que l'on ne supporte

Comment

Écouter tous les politiques

Dans leurs exercices pratiques

Qui pour demain vont nous souhaiter

Ce qu'ils viennent de refuser

Pourtant...

Ils sont sur le bord de mes lèvres

Les mots qui mon cerveau enfièvrent

Ils brûlent de parcourir les rues

D'y chasser les espoirs déçus

Pourtant

Cachés au coin d'une enfonçure

Ils résistent à toutes blessures

Cherchant l'eau qui fera germer

Les graines de nos libertés

Pourtant

Voyez ils vont courir vers vous

Et je vais me pendre à vos cous

Et même pour seulement un jour

Vous murmurer des mots d'amour ...

Je suis mélancolique comme on est d'un pays

Dont les nuages gris se perdent à l'horizon

Un désespoir qui n'a jamais crié son nom

Qui à rester cloîtré a frôlé la folie

Je suis une guerrière en quête d'absolu

J'ai en guise d'épée la plume qui pourfend

Sur des champs de bataille où je me livre au vent

Qui secoue mes lambeaux et qui me laisse nue

J'aime ces petits riens qui font penser à tout

Un regard que l'on a croisé dans une impasse

Un impossible rêve et puis le temps qui passe

Qui un jour  nous soulève puis nous met à genoux 

C'est un manque mais qui ne sait jamais de quoi

Qui nous laisse rêveur sur le bord d'un chemin

Qui nous laisse le coeur imprégné de chagrin

Et qui recherche un dieu mais sans trouver la foi

 Je suis mélancolique comme on est d'un pays

Dont on connaît les sources les ravins les forêts

Je suis née d'une soif que rien n'a étanchée

Je frôle le néant en cherchant l'infini...