Un petit clin d'oeil, sous les pommiers en fleurs...
Jean Auvray semble avoir passé une partie importante de sa vie à Rouen.
Il quitte la ville en 1608, à la suite de démêlés avec la justice, pour une raison inconnue. Il s'enfuit alors en Hollande (1608), puis dans les environs d'Ancenis. Il revient à Rouen vers 1619 et publie des poèmes de dévotion, ainsi que des poèmes satiriques.
Quelques indices laissent supposer qu'il fut médecin à Rouen.
Ses écrits font allusion aux guerres de religion, aux changements politiques, aux grands de l'époque...
Poésie de dévotion :
- Le Thresor sacré de la Muse Saincte, 1611
- La Pourmenade de l'ame devote en calvaire, 1622
- Les oeuvres Sainctes, 1626
Poésie satirique :
- Le Banquet des Muses, 1623
Voici deux extraits, très différents!
Extrait 1, de "Stances funèbres
... Qu'est-ce donc de la vie où l'homme se plaît tant?
Ce n'est qu'une fumée ou qu'un ombre inconstant,
Une frêle vapeur, à l'instant consumée,
Un songe fabuleux, qui passe en un moment.
Quel fol est donc celui qui chérit tellement
Un songe, une vapeur, un ombre, une fumée?
Mais qu'est-ce que la mort, que tout le monde craint,
Sinon le seul remède au mal qui nous étreint,
La retraite assurée aprés notre défaite,
Le port où nous cinglons, la paix de nos ébats?
Que malheureux est donc celui qui n'aime pas
Son remède, son port, sa paix et sa retraite.
... Qu'est-ce encore de ce corps que tant nous chérissons
Sinon l'orde prison où trop nous languissons,
Le forçat impiteux qui nous met à la chaîne?
C'est la géhenne pénible où l'âme vient souffrir,
C'est son propre bourreau : hé! qui pourrait chérir
Son bourreau, son forçat, sa prison et sa géhenne?
... Vole doncques, belle âme, objet de nos clameurs,
Moissonne dans le ciel le fruit de tes labeurs,
Nage à plein dans les eaux de la grâce infinie,
Heureuse de changer la terre pour le ciel,
Le travail au repos, l'absinthe pour le miel,
La guerre pour la paix, et la mort pour la vie...
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Extrait 2 :" Ma belle un jour dessus son lit j'approche
Ma belle un jour dessus son lit j'approche
Qui me baisant là sous moi frétillait
Et de ses bras mon col entortillait
Comme un Lierre une penchante Roche
Au fort de l'aise et la pâmoison proche
Il me sembla que son oeil se fermait,
Qu'elle était froide et qu'elle s'endormait
Dont courroucé je lui fis ce reproche :
Vous dormez donc! Quoi Madame êtes-vous
Si peu sensible à des plaisirs si doux?
Lors me jetant une oeillade lascive
Elle me dit : Non non mon cher désir
Je ne dors pas mais j'ai si grand plaisir
Que je ne sais si je suis morte ou vive.